La politique du salut public

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La politique, c'est la science du bien des États, de l'utilité nationale.

 

La politique est l'art de faire durer les États.

 

Une politique se juge donc par ses résultats.

 

Selon nous, le principe de la fin de la science politique se définit toujours par le salut public.

 

La politique est un acte de l'Action commune. Elle diffère par sa nature et par son objet des arts de l'intelligence vérificatrice et critique.

 

Si le pas est donné aux hésitantes lenteurs de la Méfiance, aux balancements du Débat, l'oeuvre propre du politique avorte, ou elle impliquera d'effroyables déperditions. Tout s'y paiera beaucoup trop cher.

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Les doctrines politiques se composent de vues élaborées par rapport à de vastes étendues de temps et de pays, à de grandes masses de faits. Leurs conclusions ne peuvent donc pas se fabriquer à la petite semaine ou sur les témoignages de la première anecdote venue.

 

Pour juger du rapport exact d'une institution telle que la démocratie ou la monarchie avec la politique intérieure ou la politique extérieure, il faut avoir saisi quel est le train ordinaire, la direction moyenne de l'une ou de l'autre, il faut aussi avoir su guetter le moment et le tournant où cette direction générale se montre bien.

 

Ce n'est pas facile et, pour voir juste, il faut se mettre en défense contre toute envie de conclure précipitamment. Ou contre la fureur de ne jamais conclure.

 

Il n'y aura d'avenir politique pour notre pays que le jour où tous les esprits libres, tous ceux qui mènent et ne sont pas menés tomberont bien d'accord avec le grand Corneille que le pire des États c'est l'État populaire et que toutes les réformes importantes passent par le Roi.

 

L'accord spirituel une fois acquis, le reste peut suivre, et suit même facilement.

 

Il est essentiel que la monarchie rétablie s'occupe illico de propager ce grand point afin qu'il soit acquis sans retard. La vulgarisation du Vrai politique, la dissolution des Nuées facilitent dans une très large mesure tous les mouvements du pouvoir.

 

La Force est la Force, mais debout auprès d'elle, la Vérité et la Légitimité font des archanges singulièrement puissants et persuasifs  !

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La réforme esthétique, la réforme économique, la réforme morale elle-même, sont dans la dépendance étroite de la réforme politique. Il faut d'abord mettre fin, chez quelques-uns par la pensée, ensuite par la force chez tous les autres, à notre anarchie politique. L'ordre politique une fois instauré, les diverses autres restaurations deviennent possibles.

 

C'est pourquoi un ordre doit passer chronologiquement avant tout.

 

Sous Louis-Philippe, l'opposition ne cessait de reprocher au Palais le pouvoir personnel. Il est certain que l'opposition ne se trompait pas. Elle avait pour elle le Droit et la Constitution que violait le Roi des Français, dont le règne fut une longue dictature, une dictature à formes juridiques et blagologiques : cela valait mieux pour le pays que si ces formes lamentables avaient été prises à la lettre et au sérieux. Pas plus sous Louis-Philippe que sous Charles X, la Charte ne fut jamais une vérité : bien heureusement pour la France  ! Dans tous les pays dits constitutionnels, le pouvoir royal est beaucoup plus fort que la loi écrite ne le suppose.

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De brillantes expériences sociales et politiques sont exécutées sur la chair de millions et de millions de malheureux vivants, nos concitoyens, nos proches et nos amis. C'est ce qui nous effraie. C'est ce qui nous fait penser et dire sans trêve : - Il ne s'agit pas d'inventer des solutions brillantes, mais de poser le problème par rapport à nos nationaux vivants et à leurs descendants jusqu'aux enfants de leurs enfants, et de déployer, là, une économie si prudente qu'elle aille jusqu'à l'avarice.

 

Un Napoléon dit : «  J'ai cent mille hommes de rente.  » C'est un bel imaginatif. Un Bourbon, deux Bourbons, trois Bourbons (qu'ils s'appellent Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe) règnent trente-trois ans et, au milieu des pires difficultés, ne font pas une grande guerre.

 

Avant eux, après eux, les Empires et les Républiques devaient faire leurs guerres et du reste les perdre.

 

Eux, non. Ils n'imaginaient pas. Ils n'inventaient pas. Ils se moquent d'inventer et d'imaginer. Ils suivaient la politique nationale, paternelle et fraternelle de leurs aïeux.

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