Le socialisme

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Le socialisme parlementaire est, les trois quarts du temps, une création administrative.

 

Il est né dans les préfectures et dans les sous-préfectures.

 

Il est sorti de combinaisons électorales indispensables à certains résultats officiels prévus, tantôt pour éliminer des conservateurs, tantôt pour mettre des radicaux en échec, tantôt pour précipiter des opportunistes. L'ingéniosité de l'administration centrale a toujours posé en principe, depuis quarante ans, qu'un groupe extrême devait intervenir au jeu du scrutin et que ce groupe serait d'autant plus maniable que le monde ouvrier en composerait l'élément essentiel.

 

Élément commode, en effet, et dont notre génération a vu l'usage en bien des circonstances critiques, tantôt contre Boulanger, puis en faveur de Dreyfus ou de Ferrer. Elément essentiel de la lutte anticléricale ou de la défense républicaine.

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Sans doute, ce n'est pas tout le socialisme.

 

Il faut y distinguer en outre un esprit révolutionnaire proprement dit, qui ne se contente ni de l'anticléricalisme officiel ni de la République telle qu'elle fonctionne et qui s'oppose, de façon directe et catégorique, à tout ce qui est, parce que cela est : une refonte sociale sérieuse comprendra de toute nécessité à ses yeux le bouleversement complet de la religion, mais aussi de l'irréligion, la ruine des partis de gouvernement, mais aussi des partis d'opposition, contre lesquels il est facile d'élever de longs griefs dès que ceux-ci sont arrivés à un certain degré de puissance.

 

Cet aspect du socialisme est ce qui le rapprocha jadis de Clémenceau, comme de Rochefort, c'est ce qui lui rattache les Hervé; de façon générale, tout ce qui murmure et proteste.

 

C'en est la partie négative, et non la moins puissante du XIXe siècle. Elle s'est affaiblie au XXe siècle parce qu'on a vu la stérilité pour le peuple, le profit pour les profiteurs. Tout critiquer, tout casser est devenu un tel moyen de parvenir, même avant que la girouette Hervé achevât de ridiculiser le métier, qu'on peut le considérer comme gâté pour quelque temps.

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Au socialisme négatif un socialisme positif pourrait faire pendant.

 

C'est celui qui note, examine et, hélas  ! exploite les conditions défectueuses, parfois misérables que la grande industrie capitaliste fait à la classe ouvrière, surtout dans les mines et la métallurgie, principalement dans les régions de l'Est et du Nord de la France.

 

Cela vient de très loin, on le sait.

 

La Révolution de 1789, qui, à l'heure où naissait cette grande industrie, désorganisait le travail national et lui imposait un régime purement individualiste contredisant la nécessité d'association, a mérité d'être citée comme le plus intempestif et le plus anachronique des événements de l'histoire. Les idées de 1789 agirent donc (et agissent même encore un peu) tout à fait à contre-fil des réalités et des besoins ouvriers. Les plus fameux docteurs du socialisme ont avoué qu'ils menaient une réaction contre ce flagrant recul de 1789.

 

Mais comme ils étaient partisans politiques d'une idéologie et d'un régime constitutionnel ou légal dont ils étaient adversaires sociaux, leur action ne cessait de tourner en cercle et de se contredire en se dévorant elle-même.

 

Cependant un effort aura été fait pour les soustraire à la tutelle de l'État.

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Mais cet État le rattrape vite. Raison : il est démocrate.

 

Qu'est-ce alors que le socialisme  ?; C'est une réponse au problème posé par la démocratie. La volonté du nombre étant reine de l'État, ne peut pas ne pas tendre à devenir reine de la société, c'est-à-dire de l'ordre économique, à l'usine, au bureau, au champ, partout.

 

Ne dites pas que ce serait la ruine de tout. Le Nombre ne le croira jamais. Il agira toujours, s'il reste maître de l'État, de manière à s'emparer des richesses produites et des moyens de la production afin de se les partager. Cela, c'est l'inévitable.

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Il y a des démocrates qui tendent à ce résultat en décrétant que tout sera fonction d'État, monopole d'État, chaque citoyen devenant ainsi fonctionnaire. C'est le socialisme d'État : il sort du coeur et des entrailles de la démocratie afin de résoudre le problème qu'elle pose en se posant.

 

D'autres pensent que l'égalité démocratique, déjà réalisée dans l'État, se poursuivra dans la société au moyen de la pompe aspirante de la fiscalité, l'État puisant (notamment sous forme d'impôts) dans la poche des particuliers, tout ce qu'il faut pour les appauvrir afin qu'il puisse, lui, entretenir le plus grand nombre : ce socialisme fiscal, autre émanation des viscères démocratiques, fournit une seconde solution.

 

Le socialisme orthodoxe ou communisme scientifique fournit une solution un peu différente, plus pompeuse, plus spécieuse, embrassant en apparence une situation industrielle plus complexe et plus avancée, mais qui dépend aussi de ce que la démocratie atteint son objet et s'empare de la force publique.

 

Le Nombre, s'il est maître, ne peut tendre qu'à obtenir de la nation sujette ce qu'il lui faut à lui, Nombre.

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Écarter la solution socialiste proprement dite, négliger même le socialisme fiscal ou le socialisme d'État, ce n'est résoudre rien et c'est laisser tous les x sur le tableau noir.

 

Vous êtes démocrates  ?; Fort bien  ! La démocratie veut devenir maîtresse de la maison, maîtresse de la richesse, et elle n'existe que par et pour cette volonté.

 

Qu'y répondez-vous  ?; Oui  ?; Non  ?; Si c'est non, vous n'êtes pas démocrates. Si c'est oui, tous les inconvénients du socialisme apparaissent, s'approchent, s'imposent.

 

Si c'est ni oui ni non, tout se passe comme si c'était oui. Les faims, les soifs, les appétits, les convoitises éveillés par le seul mot de démocratie, se donnent carrière, ils règnent sur l'électeur, par l'électeur sur l'État, par l'État sur les finances; nous voilà au rouet.

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L'idée de la justice individuelle conçue comme l'idée même de l'égalité individuelle fait l'arrière-fond du socialisme moderne : on peut le définir, nous le définissons, mon ami regretté Frédéric Amouretti et moi : «  Un système d'organisation du travail au profit de l'Égalité, c'est-à-dire de l'individualisme absolu, du moi, du moi en général, abstrait de toute condition autre que l'individualité pure et simple  » : comme A=A, un homme en vaut un autre, et tout travail effectué dans un temps donné vaut tout travail effectué dans le même temps.

 

Il n'y a rien de plus sauvage, ni de plus désorganisateur.

 

Toute société, toute cité a été construite et repose sur la diversité des besoins, la différence des organes et la division du travail. Ici l'orgueil et la paresse se coalisent pour tout niveler et annuler. C'est la simple, la monotone uniformité étendue à tout.

 

C'est le régime politique de la démocratie (atomisme et géométrie) gouvernant le domaine de l'économie sociale : paralysie démocratique imposée à l'essor de l'invention et du travail humain.

 

Il y a donc du vrai et plus qu'il ne pensa lui-même, en ce que dit Jaurès de l'origine «  religieuse  » du socialisme moderne. Il y a du vrai, autant et plus qu'il ne croit et ne dit dans la généalogie kantienne et luthérienne qu'il a essayé de lui donner dans sa thèse latine De socialismo apud...

 

Mais ce vrai-là n'existe que parce que tout le reste de ce qu'il articule est faut.

 

Il est faux que son socialisme soit socialiste. Il est faux qu'il fasse cesser aucune anarchie. Il est faux que ce système d'organisation du travail fasse autre chose que désorganiser et ruiner le travail : toute organisation du travail qui dédaigne la nature des choses et ne veut avoir pour règle que ce que le rhéteur appelle « la fleur de la justice éternelle  » «  œternœ justitiœ florem  », supprime, par définition, le point de départ, l'instrument et le point d'application de ce travail même.

 

Jaurès ne défend pas aux travailleurs de se syndiquer, mais il impose un mode de syndicat qui les rend insensibles à leur véritable intérêt et impuissants à le servir, mais, en revanche, extrêmement puissants pour y nuire. Son syndicat démocratique est antisocial et antipopulaire, parce qu'il est fondé sur des conditions profondément hostiles aux conditions naturelles de tout travail.

 

Diversité, dit la nature. Nivellement, écrit le politicien. Ce politicien, nommez-le comme il vous plaira : Le Chapelier, c'est Jaurès. Jaurès, c'est Le Chapelier, quelque différence de thèse et de jargon que les circonstances leur aient imposée pour l'entraînement des badauds.

 

Leur office n'est que de servir un État hostile à la nature, ennemi de l'humanité, un État de famine et de révolution.

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Les socialistes ont une discipline, pourquoi  ?; Cette discipline est respectée, pourquoi  ?; Parce qu'elle suit une idée, parce qu'elle est le culte extérieur rendu à cette idée.

 

Ce que vaut cette idée, nous le savons bien. C'est extrêmement peu de chose. Autant les réformes sociales inspirées de Le Play et de La Tour du Pin, destinées à incorporer l'ouvrier à la société où il n'est qu'un nomade, sont postulées par les besoins essentiels de notre temps, autant la démocratie socialiste et internationaliste, avec son égalitarisme brutal et son exploitation électorale du prolétariat qu'elle «  berne  », selon l'aveu de Jules Guesde, représente une véritable abjection intellectuelle.

 

Mais si fausse et si funeste soit-elle, cette idée est. Ce programme est. Mis en commun, idée et programme déterminent une pensée commune, des réactions communes, des réflexes communs. Nous nous tournons vers l'immense majorité des conservateurs et des patriotes, et nous leur demandons - «  Votre programme, où est- il  ?; Où est votre idée  ?;  »

 

Il ne servirait de rien de répondre qu'on est d'accord pour s'opposer à ceci et à cela.

 

Programme négatif à peine suffisant pour assurer une timide défense nationale incoordonnée.

 

Je demande où est le programme positif.

 

Un programme, au surplus, ne peut pas se borner à viser des objectifs : il comporte une énumération de moyens. Où est l'accord fait une fois pour toutes sur ces moyens  ?; Nous le souhaitons, et nous sommes réduits à le souhaiter. Ni les conservateurs, ni les nationalistes n'ont su composer depuis vingt ans un programme positif capable d'animer une foule et de discipliner une assemblée. C'est cependant Barrès qui déclarait en 1899, qu'il ne voyait aucune possibilité de restaurer la chose publique «  sans une doctrine  ». En fait de doctrine, il y a celle de l'ACTION FRANCAISE, née depuis. Il n'y en a pas d'autre.

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L'anarchie de l'économie libérale est un fait intolérable et qui n'est pas de tous les temps : c'est la Révolution qui consomma la ruine de l'ancien statut social ouvrier. Il faut ou créer un nouveau statut ou se résigner à laisser dans la société un élément instable, errant, fiévreux, nécessairement révolutionnaire, produit de l'anarchie et la reproduisant.

 

Car on ne peut organiser «  au profit de l'égalité  », qui désorganise par définition.

 

La destruction de l'anarchie économique ne peut s'effectuer sans renier cette égalité, chimère contre nature quand on la rêve, mensonge quand on la promet, et poison quand on tente de la faire passer dans les moeurs par les lois.

 

Cet élément égalitaire ou démocratique est inhérent au socialisme d'État; il forme l'exacte moitié du collectivisme ou communisme scientifique, programme du parti fort bien appelé en Allemagne «  sozial demokratie  ». Cette moitié démocratique du socialisme, essentiellement antisociale, est l'ennemi qu'il faut éliminer.

 

L'autre moitié doit nous être amie, au contraire. C'est la moitié qui dit : syndicalisme, association, fédération, corporation, organisation autonome des éléments de travail, ouvriers ET patrons, par région et par métier.

 

Tout acte socialiste doit donc être jugé d'après ce critère : est-il démocrate  ?; est-il syndical  ?; Ceci est bon en soi; cela, est mauvais en soi.

 

Les deux se retrouvent, à doses inégales, dans cette nébuleuse qu'on appelle socialisme. Chaos immense engendré d'une juste cause, perverti par une idée fausse et qu'on ne débrouillera point sans une politique sociale précise, prenant acte du mouvement syndical et aboutissant au régime corporatif.

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Dans l'opposition, opposition alors très officieuse, le Jaurès des années 1900, 1901, 1902, 1903, 1904 s'était signalé par une alliance éclatante avec le capitalisme, surtout israélite.

 

L'acte social de la première HUMANITÉ, relatant l'apport de 780.000 francs dû à douze commanditaires, constatait que ces messieurs s'appelaient : Lévy Bruhl, Lévy Brahm, Dreyfus, Louis Dreyfus, Elie Rodrigues, Léon Picard, Salomon Reinach, Blum, Rouff, Casewitz, Herr et Dachs, tous juifs, et cette adhésion, cette protection de financiers appartenant au plus individualiste des peuples, ne pouvait favoriser l'essor d'une doctrine ni d'un mouvement d'organisation du travail.

 

Le journal bientôt affamé devint la propriété de son public et de son parti, mais la souscription de 20.000 marks de la démocratie socialiste allemande pesa d'un poids très grave sur la politique extérieure de ce public et de ce parti.

 

Le groupe par lequel l'idée socialiste paraissait devoir échapper à l'influence administrative française avait subordonné cette idée d'abord à la finance internationale, ensuite au prolétariat allemand. Il a fallu la guerre pour faire cesser ce double asservissement - lequel a reparu bien avant l'armistice  !

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Quand l'État sera tout, l'État ne sera plus rien : c'est une thèse qui se soutient et qui se démontre. Et la même thèse établit que chacun des citoyens tombera alors au-dessous de rien.

 

Quand il faudra que tous agissent pour que quelqu'un agisse, chacun cessera d'agir, du moins avec initiative et progrès et notre activité sociale deviendra une répétition mécanique, de plus en plus lente, et qui tendra à l'inertie.

 

L'État, inerte par lui-même, sera, en tant qu'État démocratique, destructeur et ruineux.

 

La gestion financière de la République affaiblit déjà la production de la richesse : la gestion financière d'une République où régnera le socialisme d'État démocratique, frappera la production d'inertie tout en redoublant la consommation. Le vieux capital national aura vite fondu, si toutefois l'Europe lui accorde le temps de fondre.

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Il faut annuler toute différences entre :

 

1° Socialisme et communisme.

 

Distinguer entre la révolution sociale et la révolution politique est absolument vain.

 

En Grèce, en Italie, toute constitution démocratique eut pour effet d'imputer peu à peu aux «  riches  » les charges de la cité, ce qui avait pour effet d'aboutir aux plus sordides systèmes de désintéressement et d'absentéisme politique, de lâcheté civique et d'appauvrissement social. Des villes florissantes, de grands États, de véritables Empires ont été ainsi ruinés en très peu de temps.

 

Toutes les démocraties de l'histoire ont fait le double trajet; l'article premier disait égalité politique et, quand cette égalité (théorique du reste) a été acquise, il a bien fallu dire, à l'article deux, égalité sociale. Les deux termes n'appartiennent pas à des séries différentes, leur essence est la même, ils répondent aux mêmes besoins.

 

Les communistes représentent la stricte observance : moins informés, moins attentifs à la constitution politique et sociale de notre pays, telle qu'elle résulte des institutions de l'an VIII. Leur marxisme judéo-moscoutaire omet ou feint d'omettre ces facilités de révolution lente et de spoliation graduelle.

 

Au fond, pourtant, le communisme ne se pose qu'à titre de stimulant et d'auxiliaire. Stimulant, pour empêcher les socialistes de s'endormir dans leurs prébendes, leurs proconsulats et leurs sous-secrétariats. Auxiliaire, pour le grand soir. Dans la société comme dans la nature, il arrive que les choses précèdent tout d'abord par degrés fort nuancés, presque insensibles, mais il vient un moment où toute évolution a besoin de se compléter par une intervention de la grande accoucheuse, la force c'est l'explosion.

 

Ce fait de force plus ou moins brutal ne serait certainement pas accompli par les bourgeois ventrus et flasques du type socialiste parlementaire.

 

Mais les communistes sont là : quand ils auront flambé un certain nombre d'étages et de maisons au moyen de pompes incendiaires que les conseils municipaux mettent entre leurs mains, les socialistes parlementaires, leur ayant fait courte-échelle aux grilles du Palais-Bourbon, s'occuperont de mettre ces incendies, pillages et assassinats en petits articles de Lois, propres et nets.

 

2° Radicalisme et socialisme.

 

Pour les partis de gauche, il n'est en réalité jamais question de doctrine ni même de programme. Un seul mot d'ordre, un intérêt : la lutte contre la réaction.

 

Jamais un radical bien né ne se laissera enrégimenter sous une bannière suspecte de réaction. On lui montrera une bande d'étoffe rouge : comme le taureau, le radical marchera.

 

Tel radical ne fait ainsi que suivre ses habitudes, tel autre suit sa passion.

 

Il marche, et c'est l'essentiel. Il marche de manière à rencontrer les frères socialistes autour de l'Urne, d'où la mauvaise Loi fait dépendre le sort du pays.

 

Cette conjonction du radical et du socialiste, qui fait crier à l'immoralité, est la plus naturelle du monde.

 

Elle est aussi naturelle, pour le moins, que la conjonction finale du socialiste et du communiste. Comment ne le voit-on pas plus clairement  ?;

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On ne saurait trop redire qu'il y a dans le socialisme deux traits distincts et le plus saillant n'est certes pas le plan de règlement de la question dite sociale, qui s'entend plus particulièrement de la question ouvrière, telle qu'elle se pose dans la grande industrie.

 

Ce socialisme, le plus vigoureux, le mieux défini, n'est pas celui des gros bataillons. La grande industrie en France n'est pas assez développée, malgré la guerre et l'après guerre, pour expliquer la présence de quelque six-vingts députés socialistes à la gauche des radicaux. Mais, dans les régions les plus étendues de la France, là où dominent la vie rurale, l'artisanat, la petite industrie, le petit commerce, «  socialiste  » signifie toujours républicain extrême, républicain «  sang de bœuf  », ultra-radical. Cet extrémisme, cette outrance, s'appliquaient alors aux idées. Il y a très longtemps que les idées républicaines ont cessé de susciter l'enthousiasme ou la confiance. Leur fanatisme a subi une chute profonde. Le faible résidu qui subsiste ressemble beaucoup moins à un état d'esprit qu'à un intérêt, ou plutôt à l'idée d'un intérêt, mais d'un intérêt privé et quasi personnel.

 

Le socialiste du Midi, par exemple, tend surtout à réaliser le programme démocratique-étatiste : tout le monde fonctionnaire, un petit emploi pour tout le monde, sur le plan d'égalitarisme ingénu.

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Ce n'est pas autre chose que veut le radical.

 

Dès lors, tous les deux veulent, doivent vouloir de gros budgets, avec de gros impôts spoliateurs.

 

Mais le radical, membre d'organisations où la bourgeoisie n'est pas sans représentants, est porté à placer le point de la spoliation un peu moins bas que ne le ferait le socialiste.

 

Le premier appelle à grands cris les gendarmes contre les gens qui possèdent plus de cent mille francs qu'il a dans son portefeuille. Le second, armé de sa fourche socialiste ou révolutionnaire, fait partir la pompe aspirante de beaucoup plus bas. Mais le principe est le même, parce que le sentiment qui l'inspire est aussi le même : l'envie.

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Nous revivons les temps de la Cité antique où, toutes les fois qu'un certain degré élevé de civilisation matérielle a été atteint, quand la ploutocratie, manoeuvrant la démocratie, a fait disparaître le patriciat et la royauté, les biens collectifs réunis, y compris les trésors spirituels et moraux qui s'y joignaient, furent enveloppés dans la même ruine, au moyen de la même lutte furieuse entre les producteurs, actifs ou heureux, et la foule des consommateurs pauvres et avides qui trouvèrent commode de s'adjuger le fruit du travail, par la législation d'abord, par l'émeute, le sac et la tuerie ensuite.

 

Il n'y a point de différence aujourd'hui et il y a deux mille ans entre ces jeux des factions.

 

La démocratie politique fait la démocratie sociale. Il n'y a pas un conservateur démocrate capable d'un peu de réflexion et d'esprit de suite qui puisse faire une réponse décente à la question : - pourquoi n'êtes-vous pas communiste ?;

 

Le communisme dilué s'appelle socialisme.

 

Le socialisme dilué s'appelle radicalisme, démocratisme, républicanisme.

 

A quelque degré que soit portée la solution du principe-poison, on se rend compte de ses victimes certaines : la Cité et l'État, la Patrie et l'Humanité.

 

Ceux qui s'intéressent à l'un de ces quatre hauts lieux ne sont pas peu inquiets du résultat d'élections engagées sur de pareils terrains. Ils voient, ils peuvent manquer de voir ce qui leur est promis de dégâts prochains et directs, à supposer que les choses suivent un train paisible. Mais quels dégâts multipliés dans l'hypothèse d'un accroc à la paix internationale  !

 

Quand les fortunes privées auront été sacrifiées ou seront en train de l'être, la fortune de l'État n'en sera point accrue : loin de là  ! On aura toujours enflé ses besoins par la multiplication des fonctions et de leurs fonctionnaires, de nouveaux monopoles et de leurs nouveaux profiteurs. Que l'on se figure le vide de ses caisses au moment où il serait surpris par un agresseur  !

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