Le gouvernement et le parlement
Personne ne sait plus quelle est la différence du régime parlementaire et du régime représentatif.
Pourtant rien n'est plus simple.
Il y a des régimes où le parlement, c'est-à-dire les partis, leurs débats, leurs combats, disposent de façon plus ou moins directe du pouvoir.
Il y a les régimes où les partis et les intérêts sont représentés auprès du pouvoir, mais où celui-ci, fidèle au titre de son rôle, continue à pouvoir, la représentation se bornant à l'informer pour le mettre en état de savoir.
C'est en ce sens que l'Allemagne ignoble et absurde dans sa nature, dans son esprit et sa volonté, a joui pour notre malheur d'un système de gouvernement sain.
C'est au même sens que la France héroïque de 1914-1918 a possédé un mode de gouvernement de beaucoup inférieur à son génie et à sa fonction.
On dit qu'elle souffre de la confusion des pouvoirs. Mais non ! Ce qui est confondu chez nous, c'est le pouvoir et la représentation : d'une part, l'organe qui doit recueillir et apporter des renseignements au pouvoir; d'autre part, ce pouvoir lui-même, l'organe appelé à diriger et à conduire, et qui ne dirige ni ne conduit.
Pourquoi ?;
C'est bien simple.
Nous le divisons au lieu de le concentrer. Et ces divisions que nous lui imposons pour le garder du mal, l'empêchent tout d'abord de faire le bien.
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Continuons à faire la guerre aux mauvaises formules employées par les braves gens.
On dit quelquefois que le gouvernement doit agir, le parlement contrôler : comment ne voit-on pas que, cette concession faite, le parlement reste le maître de tout, y compris du moment où son contrôle doit intervenir ; dût-il gêner, dût-il gâter l'essentiel de l'action ?;
Un bon contrôleur, cela arrive à l'improviste ! cela fait des descentes inattendues !
Si nous accordons au parlement le contrôle, nous lui accordons une autorité absolue. Peut-on concevoir rien de plus lamentable ?; Si l'on consulte, non les traités constitutionnels, mais la raison, mais le statut public, le parlement doit abdiquer cette prétention au contrôle et se contenter d'apporter à l'autorité les lumières dont elle a toujours grand besoin.
- Mais, c'est le despotisme...
Ce n'est pas plus le despotisme que le pouvoir exercé par le parlement n'est la liberté.